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Sous Hitler, elle est frappée d'interdiction professionnelle. Sous Ulbricht et Honecker, elle est suspectée de frayer avec les dissidents. Ce qui importe aujourd'hui à Ingeborg Hunzinger, sculptrice de quatre-vingt quatre ans, c'est de laisser des traces de pierres dans sa ville natale redevenue capitale allemande.
De notre envoyée spéciale.
Dans son atelier-jardin au Nord-Est de Berlin, Ingeborg Hunzinger marche avec précaution au milieu de ses créations qui jonchent le sol. "Voilà Karl Liebknecht. Je lui ai fait une tête souriante, pour qu'on pense enfin à sa vie et non seulement à sa triste mort", lance-t-elle avec un sourire malicieux. "Et là, [url=http://www.mansmanifesto.com]www.mansmanifesto.com[/url] dans l'entrée, c'est Mathjilde Jacobi, l'amie fidèle de Rosa Luxembourg, qui est restée auprès d'elle dans sa prison de Bresleu. Et regardez cette tête d'homme là-bas, avec la main [url=http://www.achbanker.com/home.php]hollister france[/url] posée à c?té. Je l'ai appelé "Kosovo". Elle cherche encore un moyen de fixer la main sur la tête, de manière à ce qu'elle cache le visage de l'homme qui ne veut pas voir les horreurs de la guerre.
L'histoire de ce siècle nous entoure dans cet atelier, dans ce vaste jardin parsemé de sculptures [url=http://www.rivaluta.it/css/moncler.html]moncler sito ufficiale[/url] de ce petit bout de femme qui, à quatre-vingt quatre ans, continue à travailler la pierre tous les jours. Elle s'arrête devant la sculpture d'une femme, [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]nike air jordan pas cher[/url] la première qu'elle a réalisée pour ce grand ensemble de reliefs appelé "Révolte des femmes" en souvenir de ces Allemandes qui en 1943, au risque de leur vie, ont réclamé, plusieurs jours durant, la libération de leurs maris juifs arrêtés sur l'ordre de Goebbels. Les manifestantes ont eu gain de cause. "L'amour et la désobéissance civile plus forts que la dictature" a-t-elle inscrit au dos du monument installé en 1995 dans la Rosenstrasse à Berlin en souvenir de ses résistantes.
Elle est elle-même une résistante - et demi-juive. Son père était chimiste spécialisé dans la recherche sur le silicate dont les nazis avaient besoin. [url=http://www.getconversational.com]hollister france[/url] C'est ce qui a sauvé sa mère juive. Née en 1915 dans les quartiers bourgeois à l'ouest de Berlin, la jeune Ingeborg rencontre la misère pour la première fois à seize ans, lorsqu'elle accompagne une assistante sociale dans les sous-sols des grands immeubles à l'est de la ville, au milieu de ces quartiers ouvriers qu'Alfred D?blin a décrit dans "Berlin-Alexanderplatz". Avec du chocolat et des vêtements collectés dans les beaux quartiers, elle descend dans les caves humides, où les familles ouvrières au ch?mage s'entassent avec leur progéniture. Souvent un seul lit est occupé à tour de r?le, les habits sont accrochés au mur, faute d'armoire. [url=http://www.davidhabchy.com]barbour outlet[/url] C'est là qu'elle rencontre un jeune activiste communiste qui lui demande si elle compte remédier à cette misère en distribuant du chocolat et des g?teaux aux enfants ouvriers. [url=http://www.rathmell-arch.co.uk/hollister.html]hollister uk[/url] "Il m'a persuadée qu'il fallait changer tout le système, et le lendemain je me suis inscrite aux jeunesses communistes", raconte-t-elle. Désormais elle fait de l'agit-prop dans les villages. Dans son lycée, imprégné d'éducation prussienne, elle fonde une association socialiste qui pr?ne l'autogestion. La direction crie au scandale. Elle doit quitter l'école et est envoyée en rééducation avec des prostituées.
Six mois après ce purgatoire, elle entre à l'école des Beaux-Arts. Lors d'un voyage d'études en Italie, elle est subjuguée par Michel-Ange et ses fresques de la chapelle Sixtine. "Je suis peut-être mégalomane, mais j'ai toujours voulu être un Michel-Ange à ma manière", se souvient-elle. En réalité, elle ne peut même pas terminer ses études. Refusant de s'inscrire aux jeunesses hitlériennes de son école, elle en est expulsée et frappée d'interdiction professionnelle. Les sbires du ministère de la Culture de Josef Goebbels lui font savoir qu'elle est "inapte à contribuer à la culture du peuple allemand".
Il ne lui reste qu'à se réfugier dans une colonie d'artistes juifs en Italie. "Mussolini n'a jamais assassiné des juifs ni persécuté des artistes étiquetés comme "dégénérés" par Hitler et Goebbels", assure-t-elle.
Son premier mari meurt pendant la guerre. Elle se remarie avec un peintre juif et communiste, rescapé de la guerre d'Espagne et de Dachau. En 1949 - la République Démocratique d'Allemagne vient de na?tre - elle rentre avec lui à Berlin-Est. On [url=http://www.rivaluta.it/hot/hogan.asp]hogan outlet[/url] lui offre un poste de professeur à l'école des Beaux-Arts à Berlin-WeiBensee, puis elle devient ma?tre-assistante du sculpteur Fritz Cremer. Dans les années cinquante, elle est affectée au complexe chimique de Leuna à Halle, afin d'agrémenter la vie ouvrière par la culture. Trop souvent confrontée aux [url=http://www.1855sacramento.com/peuterey.php]giubbotti peuterey[/url] jugements étriqués des fonctionnaires, elle essaie de les contourner en faisant approuver ses projets directement par les ouvriers. "Mes sculptures sont faites pour les hommes, non pour les expositions", lance-t-elle.
Bient?t elle accueille dans sa maison des dissidents du régime socialiste comme Robert Havemann, Wolf Biermann, Eva Maria Hagen... Lorsqu'en 1961, Walter Ulbricht fait construire le mur de Berlin elle se dit: "Si le communisme commence à s'emmurer, il est perdu".
En 1968, sa fille Roswita participe à une action des lycéens qui se révoltent contre l'intervention des chars russes à Prague. Lorsqu'on lui demande de faire son autocritique, elle s'évade à Berlin-Ouest. "Ma fille ne serait pas ma fille si elle demandait pardon pour ce qu'elle pense", dit Ingeborg Hunzinger qui, elle, continue à se battre sur un autre front. Depuis les années cinquante, elle veut qu'on offre une place d'honneur à Rosa Luxembourg dans le paysage urbain. "Après tout, toutes les villes de la RDA [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]jordan pas cher[/url] avaient leurs statues d'Ernst Th?lmann, de Marx et de Lénine. Pourquoi pas Rosa?" demande-t-elle. On lui offre le prix national de la sculpture et des honneurs. Elle refuse tout pour ne pas se laisser amadouer.
Après la chute du mur, le combat ne s'avère pas plus facile. Aujourd'hui, l'ostracisme a même frappé l'amie de Rosa Luxembourg, la socialiste Clara Zetkin. "N'a-t-on pas changé le nom de la Clara-Zetkin-Strasse en Dorotheenstrasse?" s'offusque-t-elle. Même le PDS ne voulait pas de Rosa Luxembourg devant son siège dans la maison Karl Liebknecht à [url=http://www.eastscotinvest.co.uk/mulberry.html]mulberry sale[/url] Berlin. Avec un groupe de conspirateurs, elle a passé outre ce refus de fonctionnaires. "Un beau matin, Rosa s'est trouvée devant leur porte" raconte la rebelle de toujours.
A quatre-vingt quatre ans, Ingeborg Hunzinger est aussi combative qu'à ses vingt ans. Après avoir parcouru le siècle et trois régimes, elle est soucieuse d'imprégner la capitale allemande de ses traces de pierre. Afin qu'on se souvienne...
B. [url=http://www.achbanker.com/home.php]hollister[/url] P.

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